Le scénario d’une transition progressive paraît le plus facile à gérer. Il correspond à une évolution où les compétences, les organisations, les travailleurs mobilisent des outils pour gagner en efficacité, s’affranchir de tâches pénibles ou réaliser de nouvelles tâches impossibles sans l’assistance des outils numériques. Une telle évolution n’est cependant pas le seul scénario. Des ruptures peuvent se produire si les progrès de l’IA sont plus rapides qu’anticipé, si des nouveaux services émergent, ou si l’acceptation sociale est forte. À terme, le métier de conducteur va probablement disparaître. Si la transition est progressive, les départs en retraite, la formation professionnelle vers les nouveaux métiers des transports ou vers d’autres activités peuvent suffire à l’accompagner. Si elle est plus rapide, par exemple parce qu’un camion automatique sûr est disponible, autorisé par les pouvoirs publics, accepté par les usagers de la route et économiquement intéressant, des problèmes massifs de reconversion professionnelle peuvent se poser sur un horizon de temps relativement bref. À cet égard, le rapport ne formule pas de recommandation nouvelle mais invite à poursuivre les mouvements engagés pour protéger davantage les individus que les emplois. L’approche par les blocs de compétences qui se développe depuis quelques années au sein de l’appareil de formation et chez les certificateurs peut apporter des réponses à cet enjeu majeur : un individu diplômé ou certifié pourrait n’avoir à adapter ses compétences qu’avec un « module » de formation complémentaire, sans repasser l’intégralité du diplôme, du titre ou du certificat. Cette approche aurait un double avantage pour l’organisation du système de formation continue, en matière de réactivité face aux changements technologiques et en matière de coût financier. Elle impliquerait l’accélération du découpage des certifications (diplômes ou titres inscrits au RNCP) en blocs de compétences et un renforcement de la Validation des acquis de l’expérience (VAE). L’approche par blocs permettrait aussi une adaptation plus rapide des référentiels de compétences (dans la mesure où elle serait partielle) : même si cela reste à vérifier, cette hypothèse contribuerait à garantir la pertinence des contenus des référentiels face aux changements résultant de l’intelligence artificielle.
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